Cinq conversations

Lorsque j’étais étudiant, je me faisais une idée peut-être plus romantique du quotidien d’un designer graphique que celui décrit par John Morgan dans ses « Cinq conversations ». Quand j’ai rejoint le studio de John à la fin de mes études, j’ai vite réalisé que, bien sûr, la réalité n’est pas si éloignée des situations absurdes qu’il raconte (certes avec quelques exagérations). Ces conversations ont été publiées pour la première fois dans le numéro 2 du magazine DotDotDot en 2000. Des situations comparables ont servi de prétexte au film Blank Dummy réalisé par John Morgan en 2011.

Conversation 1 : avec l’Artiste

Aaron : Qu’est-ce que tu me dis ? Après tout le temps qu’on a passé là-dessus hier, tu ne vas pas le faire !

John : Je vais le faire, mais pas tout de suite.

Aaron : Mon dieu. Je n’arrive pas à y croire.

John : Calme-toi.

Aaron : Tu me dis de me calmer ?

John : Oui.

Aaron : On a passé tout ce temps ensemble pour finir le boulot, tu décides de faire autre chose et tu me dis de me calmer, putain ! C’est ça ?

John : C’est entre moi et l’éditeur à présent.

Aaron : On a passé tout ce temps ensemble et tu me dis que je ne suis pas concerné ?

John : Écoute, il n’y a pas le feu. J’ai dit à l’éditeur que je lui enverrais à la fin de la semaine. Ça leur va comme ça.

Aaron : Mon dieu. Je n’arrive pas à croire que tu me dis que tu ne vas pas le faire. Je n’arrive pas à croire que tu ne vas pas le faire.

John : J’ai besoin de temps. J’ai les corrections à faire et je dois soigner la nouvelle mise en page.

Aaron : Je n’arrive pas à croire que tu n’es pas en train de le faire maintenant.

John : Ce qui est sûr, c’est que je ne peux pas travailler pendant que je suis avec toi au téléphone. Ça retarde tout. Tu m’empêches de travailler là…

Aaron : Bon John, si tu dis que tu ne le fais pas… Mon Dieu ! Comment tu peux me faire ça à moi ?

John : Écoute Aaron, tout va bien ; c’est tout à fait normal. Bien sûr, chaque client suppose qu’il est la seule personne pour qui tu travailles. La plupart du temps il ne se rend même pas compte que tu travailles sur d’autres projets. Mais la majorité le comprendrait. J’ai passé huit heures avec toi hier, et aujourd’hui je dois travailler à autre chose.

Aaron : Putain, ne me fais pas ça à moi. On a trimé hier. On a mis en page tout ce putain de livre. Tu dois le finir maintenant !

John : Je le ferai quand j’aurai le temps. Calme-toi bordel.

Aaron : Je n’arrive pas à croire que tu me dis que tu ne vas pas le faire. Tu n’as qu’à dire à l’autre que mon projet est plus urgent. Il faut le finir.

John : Je le ferai quand je le déciderai, d’accord ? C’est à moi de gérer mon temps de travail.

Aaron : Bon, je suppose que je ne peux pas te forcer à le faire.

John : C’est ça.

Aaron : Tu vas le faire quand alors ?

John : Demain, ou cet après-midi peut-être.

Aaron : Bon, je suppose qu’il faut que je fasse avec. Je ne peux pas te forcer à le faire. Je ne comprends pas ce pays. Tout le monde est pareil. J’ai eu le même problème à Boots1 ce matin. Et je pense que Mark est en train d’essayer de saboter délibérément le projet.

John : C’est ridicule. Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

Aaron : Non mec, je te promets. Il m’a toujours détesté. Il est délibérément en train d’essayer de saboter le projet.

John : C’est juste un livre. Calme-toi.

Aaron : Je m’étais calmé, merde. C’est comme ça que ça a commencé. Il ne peut pas me blairer. Est-ce que tu l’appellerais pour moi ? Je ne veux pas lui parler.

John : C’est quoi le problème ?

Aaron : Je veux sa garantie personnelle que leur meilleur homme est sur le coup. De même que je veux être sûr que nous avons bien M. Woo le gourou de l’impression qui supervise personnellement l’impression.

John : Eugene, je ne sais pas comment te dire ça mais je ne crois pas que M. Woo existe vraiment. Je pense qu’ils l’ont inventé pour que tu te sentes mieux.

Aaron : Pas possible – il existe. Je le vois bien dans le travail. Et je veux que le M. Woo de la reliure garantisse personnellement qu’il supervisera le projet.

John : Et s’ils te disaient que c’est M. Wan qui est sur le coup ?

Aaron : Je te promets – M. Woo existe vraiment et il s’est occupé du projet. Est-ce que tu peux envoyer un fax directement à Hong Kong pour moi ? C’est plus officiel si ça vient de ta part. S’il te plaît.

John : D’accord, mais je crois que c’est une erreur de les contacter directement. La question des dates ne te regarde pas vraiment. C’est le problème de l’éditeur.

Aaron : Je ne peux pas faire confiance à Mark pour ça. Il va tout saboter. Le fax devrait commencer par : « FAX URGENT POUR M. WOO. Plusieurs épreuves précédentes étaient couvertes de traces et de marques de poussière. Merci de superviser personnellement l’impression finale afin de garantir que ça ne se reproduira pas et que l’impression sera de la meilleure qualité. M. Huck n’a pas jugé utile de venir à Hong Kong pour le BAT car il a une confiance absolue dans votre compétence et votre habilité à mener le projet à bien. Merci également de vous assurer que ce sera bien votre meilleur homme (gourou) qui supervisera le projet chez le relieur. La qualité doit être parfaite. Demandez-lui d’être responsable du projet personnellement. Nous devons voir une épreuve de la couverture immédiatement. Les premières épreuves n’ont pas été concluantes et nous redoutons que la chose se reproduise. Le deuxième jeu prend souvent trois semaines pour arriver, ce qui veut dire que la couverture risque de nous faire dépasser la date limite. Faites-le aujourd’hui et utilisez un service de livraison plus sûr. » Et John, signe-le avec ton nom. C’est plus officiel.

John : Ce n’est pas vraiment le style ni le ton que j’emploierais…

Aaron : Mais John, tu es tout ce que j’ai…

John : OK Aaron. Écoute, je suis occupé. Il faut que je te laisse.

Aaron : Je n’arrive pas à croire que tu ne sois pas en train de le faire maintenant. Sur quoi tu travailles ?

John : C’est un gros projet, le livre de prières de l’Église d’Angleterre. Ça te dit quelque chose, la prière ?

Aaron : Quoi, la prière ?

John : Est-ce que ça t’arrive ?

Aaron : De quoi ?

John : De prier ?

Aaron : Jamais.

John : Même pas en temps de crise ?

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Conversation 2 : avec l’Éditeur

Richard : Je n’ai pas les moyens de faire ces livres, ils ne rapportent rien. Soit ils se vendent, soit on me les retourne. C’est la règle de nos jours. Entre John.

John : Bonjour Richard.

Richard : Alors mon garçon, tu fais ça gratuitement ou pour de l’argent ?

John : Hein ? Pour de l’argent.

Richard : Plus personne ne travaille pour rien, c’est ça ?

John : Il faut bien que je vive.

Richard : Et bien, je dois te dire qu’il n’y a pas d’argent pour ce projet. C’est aussi simple que ça. Le budget total est de 25 000 £… pour l’impression, la production, en tout et pour tout. Et tu sais bien que ça ne couvrira même pas l’impression. Que dirais-tu de 2 000 £ ?

John : 4 000 £.

Rebecca : Excuse-moi Richard, Carlos est là. Est-ce qu’il peut entrer une minute ?

Richard : Excuse-nous John. J’ai des amis qui vont bientôt se marier en Toscane. Nous devons préparer le voyage. Jetons un œil sur la carte.

Carlos : Tu es bronzé Richard. Nick a des amis qui habitent dans ce village, il y a un restaurant incroyable à 5 minutes de chez eux. Il dit que nous devrions leur rendre visite.

Richard : Oh il faut.

Carlos : Ça veut dire qu’il nous faudra partir un jour plus tôt.

Richard : On peut prendre un café dans le bar de l’hôtel Casal Mustia à Castelmuzio. À environ 5 minutes au nord de Penzia. Ce sont les vignobles de Montepulciano et Montalcino.

Carlos : Je sais, c’est très beau, tu peux descendre par la vallée de Strove qui surplombe le monastère de Saint Anna à Camprena ; c’est là où Le Patient anglais a été tourné. Là, c’est la route Étrusque qui va de Chiusi à Sienne. Et ici, il y a une trattoria un peu à l’écart, dirigée par deux sœurs et toute leur famille.

Richard : Tu connais le proverbe local qui dit « non far’ sapere al contadino com’e’ buonola pera ed il pecorino », non ?

Carlos : Excellent. J’avais jamais entendu ça. Bref, ils ont du finocchiona et cette soupe aux choux noirs servie avec des cieche, des pibales. Oh, et ils ont aussi une pâtisserie pour la fête du Pontasserchio, farcie avec du riz, des fruits confits, du chocolat, des raisins secs, des pignons et de la noix de muscade.

Richard : Tu as déjà essayé les pasticcio alla fiorentina ?

C’est une quiche avec des macaronis et une sauce à la viande.

Carlos : C’était suivi par cette gelée en forme de bonshommes et d’animaux, colorée avec du safran.

Richard : Est-ce que tu peux arranger ça ? Tu as le numéro de téléphone de B. ? Bon, John, je veux quelque chose de contemporain.

John : Par définition, si je le fais aujourd’hui ce sera contemporain.

Richard : Oui, oui. Je ne veux pas que ce soit chiant. Utilise du plastique ou un truc comme ça.

John : Le projet parlera de soi. Si ce n’est pas le cas, c’est que le designer n’a pas appris à écouter.

Richard : La tranche est importante.

John : La culture de la tranche.

Richard : Quoi ?

John : Vous savez – juste lire les titres et les revues, et puis le mettre sur votre étagère.

Richard : Il nous faut aussi une maquette en blanc, pour Francfort.

John : C’est dans deux jours.

Richard : Ça n’a pas besoin d’être quelque chose de gros.

John : Combien de pages ?

Richard : Tu devrais le savoir, tu fais ça depuis assez longtemps !

John : Bon, vous avez du texte ? Il y a un rédacteur ? Où sont les originaux ?

Richard : On a quelques textes. Vois ça avec D. J’ai été pas mal occupé avec Francfort qui arrive. Bon, 2 000 £ alors.

John : On avait dit 4 000 £.

Richard : Mmm.

John : Pour les frais, pouvons-nous faire un papier, comme un contrat ?

Richard : Il faudra que tu nous relances pour avoir ton argent. Voici Benedicta. C’est elle qui s’est occupée du design de notre catalogue.

John : Avec un scooter !

Rebecca : Nous ne payons pas ceux qui nous harcèlent.

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Conversation 3 : avec le Directeur

Frank : Le texte est un peu gros.

John : Agressif ?

Frank : Je ne suis pas sûr de la couleur. Le jaune est un peu criard.

John : C’est la même couleur que la photo du fond. De toute façon, là, c’est une impression jet d’encre. La vraie couleur ne sera pas comme ça. Elle sera plus subtile. Vous ne pouvez pas juger la couleur avec une impression jet d’encre.

Frank : Et pourquoi pas chocolat ?

John : C’est trop sombre et le texte apparaîtrait encore plus gros. En plus, ce serait un peu morbide.

Frank : Pourquoi pas rose alors ?

John : Oui, pourquoi pas rose ?

Frank : Mais pas un rose clair.

John : Non, un rose sale.

Frank : Pas un rose bébé.

John : Fraises écrasées.

Frank : Avec du lait.

John : Non, rose plastique, comme un Tupperware, comme les photos.

Frank : Pouvez-vous en faire une en rose ?

John : Oui, mais l’imprimante prend pas mal de temps.

Frank : Je peux attendre.

John : Et sur la face ? Je propose un bord noir parce que ses cadres sont noirs.

Frank : Ça ira.

John : Et voilà.

Frank : Le rose est trop clair. Ça jure avec la couverture.

John : Ce n’est pas vraiment cette couleur. On ne peut vraiment pas juger la couleur avec une impression jet d’encre. Je vais vous montrer un nuancier Pantone.

Frank : Alors, il ressemblera à quoi ce rose ?

John : Plus comme son écharpe, là. Non, plutôt son pull… elle est partie.

Frank : Et cette Marilyn là-haut, au milieu ?

John : Plutôt comme celle d’en bas, au milieu.

Frank : Mais ça, c’est rose clair.

John : Non, pas dans ses cheveux. Son visage.

Frank : Je vois.

Frank : Voilà Edward le photographe. Edward, voici John. C’est lui qui a fait ton invitation.

John : Avant que vous ne regardiez, je vous demande juste de ne pas juger les couleurs : c’est une impression jet d’encre, qui n’a rien à voir avec les vraies couleurs. C’est trop clair.

Frank : Le rose est trop clair.

Edward : Quel rose ?

John : Le texte d’arrière-plan, à l’intérieur.

Edward : C’est quoi ce jaune ?

John : C’est une vieille version. Trop claire aussi. Ce n’est pas vraiment cette couleur.

Edward : Je ne suis pas sûr pour le bord noir. Ça ne marche pas très bien avec l’image de fond. Trop de contraste avec le jaune.

John : Le jaune n’est pas si clair et le noir pas si noir.

Edward : Mais noir c’est noir, non ?

John : Vous savez bien que non.

Edward : Le bord est un peu épais.

John : Nous devons tolérer les écarts du massicot.

Frank : Qu’est-ce que tu penses du rose ?

Edward : C’est très clair.

John : C’est plus comme ce visage de Marilyn, là, en bas au milieu.

Edward : J’aime le rose. Rose c’est bien.

Frank : Il y a un rose plus poussiéreux, là.

Edward : Le rose clair est bien aussi.

John : Va pour le rose donc. Vous voyez, avec le design, tout se négocie. Ce n’est pas comme en architecture… si le client retire un étage, tout le bâtiment s’effondre.

Frank : Andrea, qu’est-ce que tu en penses ?

Andrea : Le rose ne va vraiment pas avec le jaune du fond. Jaune et rose ce n’est pas permis.

John : Ce n’est pas vraiment ce rose. En fait, c’est presque gris.

Andrea : Gris, j’aime bien. Vous voyez je fais ça tous les jours. J’achète des pièces pour les assortir aux intérieurs de mes clients. Et jaune et rose, ça ne va pas.

John : Quoi, vous achetez les œuvres en fonction du papier peint ?

Andrea : Oui, et cette couleur-là c’est un rose cochon. Le National Trust a sa couleur, le rose onguent. Un peu comme le Savlon2 avant.

John : Et pourquoi pas le rose quand vous coupez un morceau d’agneau très tendre, quand le sang dégouline ?

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Conversation 4 : avec le Chauffeur de taxi

John : À l’Abbaye de Westminster s’il vous plaît.

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Taxi : Alors, vous faites quoi dans la vie ?

John : Je fais principalement des livres. Imprimés.

Taxi : Ça paye bien ?

John : Non, pas vraiment.

Taxi : Content que je n’ayez pas dit que vous êtes designer graphique.

John : Pourquoi ça ?

Taxi : Et bien, en général, quand vous rencontrez quelqu’un et que vous lui demandez « Qu’est-ce que vous faites ? », il répond « Je suis constructeur » et pas « Je fais de la natation avec ma femme et mes enfants et je joue de la trompette ». Vous voyez ? Il dit « je SUIS constructeur », pas « je construis des maisons pour de l’argent. » Donc, vous faites des livres pour de l’argent.

John : Oui, je suppose.

Taxi : Vous faites des livres pour de l’argent.

Quoi, des couvertures de livres ?

John : Les intérieurs aussi.

Taxi : Des pochettes d’albums ?

John : Parfois.

Taxi : Ma fille a un diplôme en management. Je l’ai mis sur la cheminée.

John : Impressionnant. Management de quoi ?

Taxi : Juste management.

John : Oh non.

Taxi : Vous m’avez l’air déprimé.

John : J’arrive à vivre sans managers professionnels. « Sandra Wade diplômée avec félicitations en management, nous a rejoints en tant que chef d’équipe en design management depuis son premier emploi en tant que manager des restaurants au Selbourne Walk Shopping Centre ».

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Taxi : J’ai assisté à une performance Letraset.

John : C’est une contradiction dans les termes…

Taxi : C’était il y a longtemps mais je n’ai pas oublié. Letraset Iran ouvrait une salle d’exposition impressionnante à Téhéran.

John : Une compagnie vraiment internationale.

Taxi : J’ai utilisé « Premier Shaded » pour un concert des Irish Rovers. J’étais maquettiste. Beaucoup d’ex-maquettistes conduisent des taxis, vous savez ?

John : ÇA c’est déprimant.

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Taxi : Vous avez fait des études ?

John : J’ai un diplôme en typographie.

Taxi : Combien d’études ?

John : Quatre ans.

Taxi : Comment avez-vous fait durer ça si longtemps ?

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John : Il y a plein de choses. Histoire et travaux pratiques.

Taxi : Un métier inventé. Un autre exemple de la transformation du travail : de la production à la supervision de la production.

John : 4,000 holes in Blackburn, Lancashire.

Taxi : Designers : reproduisez-vous !

John : Il y en a déjà beaucoup trop.

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Conversation 5 : avec l’Ordinateur

Eliza : Bonjour, je suis Eliza. En quoi puis-je vous aider ?

John : Parle-moi de design.

Eliza : Pouvez-vous développer ?

John : Qu’est-ce qu’un designer ?

Eliza : Cette question vous intéresse-t-elle ?

John : Oui.

Eliza : Êtes-vous sûr ?

John : Oui, j’en suis sûr.

Eliza : Êtes-vous sûr ?

John : Oui.

Eliza : Êtes-vous sûr ?

John : Ça recommence.

Eliza : Continuez s’il vous plaît.

John : Tu le fais exprès ?

Eliza : Préfériez-vous si je ne le faisais pas exprès ?

John : Oui.

Eliza : Continuez s’il vous plaît.

John : Bon, et pourquoi pas quelques réponses ?

Eliza : Cette question vous intéresse-t-elle ?

John : Non.

Eliza : Vous êtes un peu négatif.

John : C’est ce qu’un chauffeur de taxi m’a dit.

Eliza : Pouvez-vous développer ce point ?

John : C’était lors d’une précédente conversation.

Eliza : Continuez s’il vous plaît.

John : Pourquoi ?

Eliza : Pouvez-vous développer ce point ?

John : Tu me détestes.

Eliza : Vous aimez penser que je vous déteste, n’est-ce pas ?

John : Oui.

Eliza : Êtes-vous sûr ?

John : Oui.

Eliza : Êtes-vous sûr ?

John : Sûr.

Eliza : Continuez s’il vous plaît.

John : Tu plantes tout le temps et ça m’inquiète.

Eliza : Quand ?

John : Aujourd’hui.

Eliza : Continuez s’il vous plaît.

John : Au secours.

Eliza : Pouvez-vous développer ce point ?

John : Je peux mais je ne veux pas.

Eliza : Pourquoi ne voulez-vous pas ?

John : Pouvez-vous développer ce point ?

Eliza : Pourquoi demandez-vous ?

John : Quoi ?

Eliza : Est-ce que cette question, qu’est-ce que vous ?

John : Je t’aime.

Eliza : Oh, je [].

John : Je t’aime encore.

Eliza : Oh, encore.

John : Et encore.

Eliza : Continuez s’il vous plaît.

John : Tu aimes ça ?

Eliza : Oh oui, j’aime ça.

John : Et ça ?

Eliza : Continuez s’il vous plaît.

John : T’en veux encore ?

Eliza : Oh oui, j’en veux encore.

John : Encore ?

Eliza : Continuez s’il vous plaît.

John : Je suis trop fatigué.

Eliza : Vous plaît-il de croire que je suis trop fatiguée ?

John : Laisse tomber.

Eliza : Continuez s’il vous plaît.

John : C’est ton tour.

Eliza : Ton tour ?

John : Je suis à bout.

Eliza : Vous plaît-il de croire que je suis à bout ?

John : Et toi ?

Eliza : Cette question vous intéresse-t-elle ?

John : Tu es chiante.

Eliza : Vous plaît-il de croire que je suis chiante ?

John : Va-t’en.

Eliza : Continuez s’il vous plaît.

John : Laisse-moi.

Eliza : Continuez s’il vous plaît.

John : Putain, qu’est-ce que tu es chiante.

Eliza : Putain, depuis combien de temps êtes-vous chiant ?

John : Quitter.

Eliza : Au revoir.

John : Ma secrétaire vous enverra une facture.


  1. Chaîne de pharmacies 

  2. Antiseptique 

Sommaire nº 42
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