Après neuf ans sous la direction éditoriale de Marc Monjou, Azimuts entrera bientôt dans une nouvelle ère, avec l’arrivée d’Ernesto Oroza à la direction de la revue et du troisième cycle de l’ESADSE. Entre temps paraît -formation, numéro singulier, en ce que cette direction, vacante lorsque son élaboration a commencé, a été prise en charge par les étudiant·e·s qui, pour beaucoup, étaient elles et eux-mêmes sur le point de quitter le CyDRe. Ainsi, comment offrir à une équipe particulièrement active ces dernières années un espace de retour sur leur expérience ? C’est dans ce contexte qu’a mûri l’idée d’un numéro dédié à la pédagogie. L’équipe a ensuite intégré plusieurs des nouvelles recrues du post-diplôme, avec l’aide de l’enseignant·e et designer-chercheu·r·se Tiphaine Kazi-Tani, et Laura Quidal, ex-étudiante-chercheuse du CyDRe, dorénavant chargée de la coordination éditoriale.
-formation explore divers formats qui tentent de déjouer les cadres et modalités traditionnelles de l’enseignement supérieur en design.
Autour de témoignages et de retours d’expériences passées et présentes, ce numéro questionne le rôle et le sens de l’apprentissage du design et prolonge le sujet avec des propositions concernant la conduite de la recherche en design. Le titre se veut plastique : on pourra y accoler le préfixe adéquat selon le contexte, sans perdre de vue la racine, la formation, à la fois processus et résultat d’une action, en l’occurrence pédagogique.
Sans prétendre à l’exhaustivité ni à l’historicité, ce numéro est un instantané de préoccupations mouvantes sur la pratique pédagogique en école de design, influencées par le rôle et le statut que chacun·e se reconnaît et / ou se voit attribuer par l’environnement institutionnel que nous partageons par ailleurs, celui de l’ESADSE : enseignant·e / chercheur·e / étudiant·e / designer et parfois tout ceci en même temps. Le choix de certains focus, autour de la pédagogie californienne, notamment — et des manières dont celle-ci aura fait la place à ce qui allait devenir les cultural studies, au féminisme radical, et plus généralement à la possibilité du soin comme à celle du dissensus — témoigne du désir de rétablir l’école dans ses fonctions de culture de soi et de matrice d’un collectif critique. Nos choix sont certes lacunaires, mais pas anodins. À l’heure où la connaissance et la culture sont l’objet des logiques extractivistes et appropriationnistes du capitalisme, et où la globalisation impose son modèle managérial à tous les niveaux de l’institution éducative, il est question pour nous de savoir sous quelles conditions l’École peut être un lieu de résistance, où les situations d’apprentissage généreraient de nouvelles formes politiques, aptes, notamment, à déconstruire la manière dont l’École perpétue encore circulations de pouvoir verticales et violences symbolique et systémique.
L’invitation faite à Olivier Lebrun, enseignant et designer, d’accompagner la conception graphique de ce numéro vise ainsi à déplier nos préoccupations jusque dans la forme de la revue.
Le CyDRe